La Tulipe en crise

þriðjudagur, 1. febrúar 2011 12:00-14:00, Hôtel du Mont-Blanc
Fyrirlesari(ar): Maurice Rieder
Bertrand nous présente l'orateur du jour :
M.Rieder, horticulteur et fleuriste de la Tour-de-Peilz. Actif jusqu'en 2006, a remis à son fils l'entreprise.
M. Rieder a été membre du conseil d'administration de Fleurop, a participé aux émissions de M.Jardinier et aussi à Zig-Zag Café avec Jean-Philippe Rapp. M. Rieder nous apporte le salut de nos cousins du Kiwanis Club de Montreux.

Imaginez une fleur négociée plus chère qu'un tableau de Rembrandt !
Pourquoi ? Où ? Quand? Comment ?
Amsterdam, années 1600, folie de la tulipomania, folie de l'époque où l'on spéculait sur des bulbes, comme à la bourse aujourd'hui.
La société hollandaise du début du 17ème accueillait beaucoup de réfugiés, les villes triplent leur population. Amsterdam était la ville la plus riche du monde, mais on y côtoyait aussi la misère. Comme dans le rêve américain, chacun avait sa chance dans cette société en ébullition sur le plan du commerce, des échanges, et de la spéculation sur les denrées rares de l'Orient.
Prémice des Lumières du XVIIIe, le XVIIe englobe Bach, Mozart, Breughel, Vermeer, Rembrandt. En France, Louis XIV commence son règne.
La Hollande est un bastion du protestantisme extrême, pas de signes extérieurs de richesse dans les maisons et aussi dans la manière de s'habiller, mais beaucoup de familles font fortune dans la spéculation sur les importation par bateau de denrées rares arrivant des Indes. La monnaie circulait rapidement, n'était jamais arrêtée. Signe de progrès social, il y avait déjà des homes pour personnes âgées.
1633-1637 : quelques bulbes de tulipes rares s'échangent 6650 guilders (une famille vivait avec 300 guilders / an)
A la même époque , « Ronde de nuit » de Rembrandt s'échange 1600 guilders !
Cette inflation dans la spéculation des bulbes de tulipes va mener à la ruine beaucoup de riches familles. On assiste au début des papiers-valeurs. Similitudes avec la bourse d'aujourd'hui.
Tulipe vient de turban, fleur très vénérée dans l'empire ottoman, provient des contreforts de l'Himalaya, on la trouvait à Ispahan et Bagdad. Soliman le magnifique cultivait des tulipes et leur donnait des noms poétiques.
En 1630 à Istambul, il y avait 300 horticulteurs. Les ambassadeurs sur place découvre cette fleur, et comme elle se transporte facilement sous forme de bulbe, c'est comme ça qu'elle arrive en Europe.
1562 : arrivée des premiers bulbes à Amsterdam, le marchand ne sachant trop quoi en faire, en mange quelques uns, les trouvant mauvais, il plante le reste...
1608 : un moulin entier est échangé pour 1 tulipe.
1620 : une tulipe rouge est achetée 8 à 10'000 guilders.
Des bulbes malades d'un virus produisent de splendides tulipes flammées de blanc, rareté, prix encore plus élevés ! Les catalogues des horticulteurs étaient peints par les maîtres de l'époque, Rembrandt, Vermeer, etc.
1635 : les spéculations s'envolent, on commerce du vent, des papiers passent de main en main...
1637 : Grand Krach, les prix s'arrêtent, tout est bloqué, la demande a dépassé l'offre, la méfiance s'installe, on vend des bulbes qui n'existent même pas... C'est la crise des sub-bulbes !
Aujourd'hui la Hollande est sans conteste le poumon floral du monde. Un métro à fleurs relie l'aéroport d'Amsterdam Schipol et la bourse aux fleurs.
Chaque jour 20 millions de fleurs transitent vers le monde entier. 30% sont des fleurs étrangères et 70% sont cultivées en Hollande. La fleur la plus cultivée actuellement est l'orchidée. A part les tulipes, toutes les fleurs sont cultivées hors-sol afin de ne pas interférer avec la nappe phréatique.
En Suisse l'horticulture est en fin de vie, elle est en train de disparaître complétement, les horticulteurs se tournent vers le commerce du produit fini et deviennent fleuriste comme Bertrand.