Message de Noël Rotary Club de Morges
16 décembre 2014
Mesdames, Messieurs, Chers amis rotariens,
Lorsque nous les lisons ou qu’on nous les raconte, il y a des histoires qui nous font immédiatement réagir. Ainsi pour moi cette mention du récit traditionnel de la nativité : « il n’y avait pas de place pour eux à l’hôtellerie ». En pensant à l’aubergiste, j’ai longtemps éprouvé ce sentiment d’être devant un bonhomme dur et insensible. Une jeune femme sur le point d’accoucher, et son compagnon, sans doute épuisés, sont là et la réponse tombe : « complet ». Il n’y a plus que l’étable, le couvert avec les animaux : allez là-bas !
Oui, longtemps j’ai tenu cet aubergiste pour un sale type, peu sensible à la précarité de ces voyageurs, peu disponible, peu accueillant. Jusqu’à ce que je lise une théologienne française, France Quéré, qui rappelait que cette « hôtellerie » (respectivement « salle d’hôtes » ou « maison des voyageurs ») n’était pas un hôtel au sens moderne du terme, comme ce cher Romantik Hotel Mont Blanc qui nous accueille aujourd’hui.
Imaginons plutôt une maison à un seul niveau, peut-être avec une vaste cour où déposer les bagages. Une grande salle commune : tout le monde y mange, y boit, y crie, y traite ses affaires. Il y a du passage, du bruit, des odeurs de cuisine, de pieds et de transpiration. Et très peu de place pour s’y tenir couché !
L’aubergiste a en fait déniché la meilleure solution : un lieu calme pour que Marie mette au monde son enfant dans de bonnes conditions. Vu les circonstances, l’étable est probablement le meilleur endroit. La crèche est probablement le meilleur berceau. Ce n’est pas le top du confort, il n’y a pas d’eau courante, mais au moins un peu d’intimité.
Avec l’aide de l’aubergiste, Marie trouve ainsi le lieu adéquat pour ce projet unique entre tous : donner la vie. C’était un autre lieu qu’imaginé en arrivant. Il a fallu s’adapter. Et bien que le récit n’en dise rien, j’ai l’intuition qu’entre l’aubergiste et Marie, il n’y a pas seulement une prestation fournie, mais une relation établie, dans le respect de la valeur de l’hospitalité. Il a créé de meilleures relations amicales, son action a été profitable aux intéressés, la mère et l’enfant. Un vrai rotarien en somme : je proposerais même de lui attribuer un Paul Harris Fellow !
De ces quelques réflexions, je tire ceci : ne pas me fier aux apparences, ou à mes premières impulsions, lorsque j’entends le récit d’événements qui me touchent, ou lorsque j’échange avec d’autres pour mettre sur pied un projet ou, comme au Rotary, pour organiser une action.
La vérité est à chercher au-delà, ou en filigrane, des évidences. Il s’agit d’écouter d’autres voix, et d’être réceptifs à d’autres perspectives, pour la découvrir, cette vérité. Et enfin l’intégrer, pour que non seulement mon regard, notre regard, change, mais que la vie d’autrui puisse trouver un sens et être transformée.
Merci de votre attention.
Rot. Michel Muller, pasteur
