Toast à la patrie

mardi 2 août 2016 12:15-13:30, Hôtel du Mont-Blanc
Site internet: http://www.michelmullerpatrie.com
Conférencier(s): Notre Président

C’est pour moi un honneur de pouvoir porter un toast patriotique, en ce jour de Fête nationale. Une fête qui est devenue, après de longues tractations bien helvétiques, un jour férié dans notre pays depuis près de 20 ans maintenant. C’est également une fierté. Une patrie n’a en effet de sens que si les individus qui la composent la vivent et la ressentent. La patrie contribue au sentiment d’appartenir à une communauté. Elle signifie avoir conscience que l’on peut et que l’on doit progresser ensemble. Or, en Suisse et dans le Canton de Vaud, les valeurs patriotiques vont dans le sens de la démocratie, de la solidarité et du travail honnête. Ce sont ces valeurs-là qui se sont affirmées, dans différents domaines, avec une nouvelle vigueur ces derniers temps.

Le 1er août est une fête nationale inventée à la fin du 19ème siècle. Alors que l’ensemble de l’Europe se trouvait aspirée par une sorte de ferveur nationaliste, notre fête nationale puisait ses racines profondes dans des valeurs constructives. Ce n’est pas un hasard si l’émergence de cette fête coïncide avec l’élargissement des droits démocratiques, avec le début de la protection sociale et de l’assurance-maladie ou encore avec la première législation régulant le travail dans les fabriques. Notre fête coïncide aussi avec la consolidation et le plein essor de notre industrie et de nos entreprises de services ou encore avec la mise en place d’infrastructures publiques d’envergure suite à la nationalisation de la plus grande partie du réseau des chemins de fer de l’époque.

En ce 1er août, les valeurs de la démocratie, de la solidarité et du travail honnête n’ont rien perdu de leur actualité et de leur importance. Et il est réjouissant de constater que, y compris dans notre Canton, elles ont connu ces dernières années une nouvelle jeunesse.

En matière de démocratie tout d’abord : rarement dans son histoire, le Conseil fédéral a aussi bien représenté l’intérêt général et une indépendance certaine vis-à-vis des lobbies, avec, par exemple, des conseillères fédérales qui se sont ouvertement faites les avocates de la fin du nucléaire ou du secret bancaire. Jamais, avant l’année passée dans l’histoire du Conseil d’Etat vaudois, notre collège gouvernemental cantonal n’a été composé par une majorité de femmes. Souvenons-nous par ailleurs qu’il y a moins de 20 ans, les chantres du libéralisme débridé nous prédisaient que c’est en dérégulant l’économie, en réduisant la taille de l’Etat et en baissant les impôts que notre pays allait trouver son salut. Grâce à la démocratie directe, ces projets ont pu être empêchés ou fortement freinés dans l’intérêt général. Aujourd’hui, la Suisse est un des pays où les libéralisations ont le moins avancé dans le monde. Or, nous constatons avec grande satisfaction que notre économie va bien en comparaison internationale, grâce, justement, au maintien d’un Etat démocratique fort.

En matière de solidarité ensuite : ces cinq dernières années le Canton de Vaud a été marqué par un dynamisme économique et social impressionnant. Nos finances sont saines, nous disposons d’une politique sociale et sanitaire parmi les plus progressistes de Suisse et d’Europe et nous pouvons affronter notre avenir commun avec une sérénité certaine.

En matière de travail honnête enfin : depuis les années 1930 au moins, certains milieux présentaient la défense d’un secret bancaire protégeant bien trop souvent les fraudeurs et les tricheurs (et quelques dictateurs aussi) comme une valeur suisse essentielle sans laquelle notre pays et son économie devait sombrer. Or, malgré l’effritement du secret bancaire à un rythme époustouflant, nous constatons avec satisfaction que c’est le travail honnête quotidien, dans nos industries et entreprises, dans nos services publics et dans les banques et assurances qui placent le travail bien fait au-dessus du secret bancaire, qui font, toujours, la prospérité de notre pays.

Voilà, Mesdames et Messieurs, chères et chers concitoyens et habitants d’Yverdon-les-Bains et d’ailleurs, je nous invite à célébrer ces valeurs qui constituent l’essence patriotique de notre pays. Soignons la Suisse. Il ne doit y avoir aucune gêne à se l’approprier. Ce sont ces valeurs qui feront aussi notre fierté de demain. Parmi elles, rappelons nous de l’importance de l’ouverture aux autres qu’ils soient d’ici et d’ailleurs. Comme le disait l’écrivain Friedrich Dürrenmatt au sujet de la chance qu’a eu notre pays d’être préservé des guerres et d’autres ravages profonds : « avoir été préservé par le sort n’est ni un sujet de honte, ni un sujet de gloire, c’est un avertissement ». N’oublions donc jamais de chercher à rendre notre communauté toujours plus juste, toujours plus sociale, toujours plus ouverte et toujours plus démocratique. Ceci est le fondement indispensable au libre développement de chacun de nous.

Permettez-moi dès lors de vous souhaiter à toutes et à tous un magnifique 1er août.