Visite de la prison de La Tuilière (Lonay)
Ils étaient nombreux, banquiers, assureurs, conseillers, financiers et autres rotariens – tous criminels potentiels par les temps qui courent – ainsi que leurs épouses à venir s’informer des conditions dans lesquelles Florian Hubner, directeur de la prison de La Tuilière, pourrait les recevoir…
Murs gris, béton, impressionnants sas automatisés contrastent avec l’amabilité et la faconde d’un directeur qui souhaite donner de son institution une image humaniste et conforme à la dignité humaine.
Accueillis dans l’enceinte de la prison, les visiteurs n’ont pas déambulé dans les couloirs, en raison des activités en cours. Ils ont donc assisté à une conférence de Florian Hubner dans une des salles communes.
La Tuilière, ouverte en 1992, est une des 4 prisons vaudoises, qui accueille essentiellement les femmes (82 places). Quelques hommes y séjournent également (28 places), totalement séparés des prisonnières.
La population carcérale féminine est rare (2 à 8% dans le monde, 6% en Suisse). Les peines sont généralement plus courtes (moy 1 à 2 ans) et cette courte durée empêche souvent de leur donner une formation.
Les raisons d’incarcération sont le trafic de stupéfiants (25%), les conversions d’amendes (12%), l’escroquerie (9%), les vols, assassinats et meurtres étant rares. On a globalement noté 700% d’augmentation des peines relatives au trafic de drogue entre 1977 et 2004.
Les pensionnaires de Lonay, de tous âges, sont généralement intégrées dans un réseau social qui peut favoriser une réinsertion souvent difficile.
Mais leur niveau de formation très faible n’aide guère à améliorer une mauvaise image de soi.
Elles sont souvent mères et il y a même eu 3 accouchements en 2006 ; les enfants en bas âge séjournent avec leurs mères tant qu’ils n’en souffrent pas.
La question linguistique se résout souvent par les connaissances variées du personnel. Rares sont les cas d’incompréhension totale.
La vie carcérale n’est pas exempte de problèmes : rancunes tenaces, besoin de tendresse, sexualité, dépendance à divers produits, violences subies ou exercées. Le fait de ne pas nier la féminité (accès aux cosmétiques et aux soins privés) contribue à apaiser les tensions.
Le travail en atelier procure un pécule (25.-/j) qui permet d’acheter quelques éléments comestibles de confort.
Le personnel (46 personnes pour 43 postes) est mixte et se partage entre la surveillance, l’administration et les ateliers. Médecins, aumôniers et formateurs compètent le personnel. Le coût d’une journée de prison se monte actuellement à 300.- (et le tarif de conversion des amendes est d’un jour pour 30.- ; va comprendre !)
La soirée s’est sympathiquement terminée au café du Mont-Blanc de Lonay, autour d’un délicieux jarret de porc braisé aux citrons confits, concocté par David Grappe.